LE DJA-ET-LOBO REND UN DERNIER
HOMMAGE A SON PREMIER MEMBRE DU GOUVERNEMENT GASTON MOÏSE MEDOU ME MVOMO (1910-2003)
Par Samuel EFOUA MBOZO'O: le Libéral n°146 du mardi 18 Novembre 2003
Décédé le 28 octobre
dernier dans son village natal a Nkpwang. Canton Mepho, arrondissement de
Sangmelima, département du Dja-et-Lobo, province du Sud, Gaston Moise Medou me
Mvomo a été inhume dans ce meme village le samedi 15 novembre 2003.
Mais
combien de jeunes Djalobiens, combien de jeunes camerounais peuvent,
aujourd’huit, lui dire qui était cet homme? Très peu, serait-on tenté de
répondre. Et pourtant, Gaston Medou fait partie de ces grandes figures qui
auront marqué l’histoire du Cameroun en general et celle du Dja-et-Lobo en
particulier.
L’historien
Samuel Efoua Mbozo’o a voulu rappeler à la mémoire collective la vie
exceptionnelle et multidimensionnelle de celui qui fut tour à tour,
instituteur, planteur, cooperant, animateur rural, syndicaliste, conseiller
municipal, maire, député pendant22 ans et secrétaire d’Etat à l’Information et aux PTT, etc…… Edifiant !
Gaston Moise Medou me Mvomo est né vers 1910 à Nkpwang, village situé à 13km de
Sangmélima (Dja-et-Lobo) sur l’axe routier Mbalmayo-Sangmélima, de feue Mvomo
Ze Eyinga du clan yembong et de feue Ekemeyong Akame du clan Yemfek, polygamie
et père de plusieurs enfants. le village Nkpwang se trouve à quelques
encablures de la station missionnaire presbytérienne américaine de Foulassi.Et
c’est tout naturellement là que le jeune Medou fera ses premiers pas d’élève
jusqu’au cours élémentaire 2ème année.
Après
deux années pasées respectivement à bibia (lolodorf) ou se trouve l’école
biblique de la mission presbytérienne américaine et à Etat (Ebolowa), gaston
Medou revient à Fulassi en 1936 pour frequenter le cours pédagogique avant
d’entrer, l’année d’après, à la prestigieuse école normale.il y passe deux
années (1937 et 1938) et en sort aureole du non moins prestigieux diplome de
moniteur indigene.
Mais
son flirt avec l’enseignement ne dure pas. En effet, Gaston Moise Medou me
Mvomo est recruté par decision n°2298 en date du 27 aout 1938 comme infimier
auxiliaire de 6ème classe. Il est affecté à Yaoundé.Quatre mois plus tard, il
est affecté à l’équipe de prospection du médécin-lieutenant Guillon (cf.
decision n°3257 du 14 décembre 138). Il sert tour à tour dans le Nyong et
Sanaga, le Nkam et le Mungo. En 1939, Gaston Medou change de nouveau.
L’entrée en politique
En
effet, il est admis sur concours direct en date du 15 décembre1939 dans le
cadre local de la trésorerie en qualité d’expéditionnaire comptable de deuxième
classe stagiaire et affecté à Yaoundé (cf. decision n°844 du 25 mars 1940).
Six
ans plus tard, il est admis au concours interne du 31 aout 1946 dans le cadre
des Commis africains du 4ème classe de la trésorerie (cf. arrété n°2640 du 1er
septembre 1946).
Quelques
mois plus tard, Gaston Medou suspend sa carrière administrative pour se consacrer
à la politique. Il y passera le reste de ses jours. En effets, à la faveur
d’une loi francaise d’octobre1946. Une assemblée representative de 40membres
est crée au Cameroun (Arcam). Les élections ont lieu en decembre 1946 et
janvier 1947 au double college et au scrutin restraint. La region du Ntem,
composéée alors de trois des quatre département de l’actuelle province du Sud
(dja-et-Lobo), Mvila et vallée du Ntem disposait de deux sieges dont un pour
chaque college.
Dans
le college des indigènes, Gaston Medou est élu délégué de la eégion du Ntem, à
l’élection de 1946, devant ses autres concurrents qui étaient:
-
Medjo m’Azang Frédéric
(Sangmélima)
-
-Oyono Doum (Ebolowa)
-
Akam Hans (Ebolowa)
-
Nyatte Nko’o (Sangmélima)
Dans le premier college, celui des citoyens français,
c’est Gros André Albert qui fut élu. Gaston Medou siègera donc à l’ARCAM à ce
titre de 1947 à 1952. Deux évènements importants dans l’histoire du Dja-et-Lobo
datent de ce premier mandat: la creation de la region du Dja-et-Lobo le
29décembre 1951 et le financement de la “route du cacao” axe
Mbalmayo-Sangmélima.evènement qu’il faut évidement mettre à l’actif du député
du Dja-et-lobo. Il importe également de signaler qu’en octobre 1946, Gaston
Medou est du voyage de cinq(5) délégués camerounais qui prennent part au
Congrès constitutive du Rassemblement democratic africain(RDA) à Bamako ; la
delegation, outre lui, était composes de:
-Djoumessi Mathias
-Manga Lobe
-Azombo Nsomoto
-Célestin Takala
En mars 1952, Gaston Medou est réelu, non plus à
l’ARCAM, mais à l’ATCAM (Assemblée territorial du cameroun). En effet une loi
française en date du 6 février 1952 a transformé l’ARCAM en ATCAM et a porté le
nombre de conseillers de 40 à 50. Gaston Medou y représente,non plus la region
du Ntem, mais plutot celle du Dja-et-Lobo crézée, comme nous l’avons dit plus
haut, trois mois avant les élections.Les pouvoirs de l’ATCAM devaient expirer en mars 1957,
mais cette échéance fut abrégée par une autre loi française du 15 novembre 156.
Une nouvelle ATCAM de 70 membres, cette fois, est élue le 23 décembre 1956 et
le 19 janvier 1957.C’était la première élection au college unique et au
suffrage universel. La circonscription du dja-et-Lobo bénéficia de deux (02)
sieges. Et pour la première fois, les partis politiques furent autorisés à
presenter des listes.
Gaston Medou fut à nouveau élu avec son colistier
Ndoudoumou Ebo’o sur la liste Action Paysanne, à l’origine movement coopératif
mais devenu pour les besoins de la cause movement politique. Ne disposant que
de deux député, la liste Action Paysanne du dja-et-Lobo s’apparentera au groupe
parlementaire du bloc des democrats chrétiens de André Marie Mbida.
Attelage éphémère avec Mbida
L’ATCAM de 1957 avait été élue pour doter le Cameroun
d’un statut d’autonomie interne, c’est-à-dire d’un gouvernement et d’une
assemblée légiférante; ledit statut fut promulgué le 16 avril 1957, et
conformément à ce dernier, l’ATCAM fut transformée en assemblée
legislative(ALCAM) le 10 mai 1957. Le 15 mai, cette dernière confirmera le
choix porté par le haut Commisaire Mesmer sur André Marie Mbida comme Premier minister.
Aussitot investi, ce dernier forma un gouvernement de coalition de 13 ministres
et secretaries d’Etat. Gaston moise Medou me mvomo faisait partie de ce premier
gouvernement camerounais comme sécretaire d’Etat à l’information et aux Postes
et télécommunications.
Mais l’idylle avec le Premier ministre Mbida va vite
tourner court, puisque Medou sera remercié quatre mois plus tard (septembre
1957) par Mbida. Il réintègre l’ALCAM comme non inscrit à la suite de sa
demission du groupe BDC le 10 octobre 1957. Et c’est pendant qu’il s’y trouvait
que cette dernière dote le Cameroun d’une
devise “Paix-travail-Patrie”, d’un emblème : “Vert-Rouge-Jaune”, d’un hymne
national: “O Cameroun berceau de nos ancetres” et d’une première fete nationale
“le 10 mai”. C’était cette meme ALCAM qui vota également deux resolutions le 18
juin et le 24 octobre 1958 demandant à
la France de reconnaitre l’option du
cameroun pour l’indépendance et la levee
de la tutelle de l’ONU sur le Cameroun pour l’indépendance et la levee
de la tutelle de l’ONU sur le Cameroun sous administration francaise pour le
1er janvier 1960. Gaston Medou fera également partie, en remplacement de son
colistier Ndoudoumou, du comité constitutionnel, institué par le Premier
minister Ahidjo en vue de l’élaboration de la première constitution du future
Etat indépendant .
Les élections legislatives avril 1960 à la 1ère
Assemblée nationale furent malheureuses pour Gaston Medou puisque sa liste fut
battue par celle de l’UPC compose de Simon owono Mimboe et Endangte Akoumezo’o
Edouard. Mais après la levee de l’immunité parlementaire d’Owono Mimboe en
novembre 1960, Gaston Medou sera de nouveau élu aux élections partielles de
décembre 1961.
Entre temps, à la faveur de la faveur de la revision
constitutionnelle du 1er septembre1961, le Cameroun est devenu, à partir du 1er
octobre 1961, une république fédérale avec deux Etats fédérés; le Cameroun
oriental (ancien Cameroun sous tutelle française) et le cameroun occidental
(ancient Cameroun sous tutelle de le grande Bretagne). Chaque Etat fédérés
dispose d’une Assemblée legislative (ALCAMOR et ALCAMOC), alors Qu’ au niveau
federal, il existe une Assemblée nationale fédérale. Dès 1962, cette dernière
sera installée selon un principe de cooptation. Medou Gaston sera donc coopté
de 1962 à 1965 comme député à l’Assemblée nationale fédérale au titre de
l’Union Camerounaise (UC) dont il est devenu membre depuis 1961.
Syndicaliste
En juin 1965, il sera réelu comme député à l’ALCAMOR
et le restera jusqu’en 1970. Ainsi, Gaston Medou aura passé environ vingt deux
(22) ans comme député du Dja-et-Lobo ! il réintégrera sa carrière
administrative aussitot après comme controleur du trésor (cf. arrété n°129 du
6/10/1973).
En 1975, il sera intégré dans le cadre des inspecteurs
du trésor après reconstitution de carrière (cf. arrété n° 75/40 du 12/09/1975).
Mais quelques
temps auparavant, il aura été mis à la retraite (cf. arrété n° 01409 du
01/08/1975). Notons pour etre complet que gaston Medou aura été un
syndicaliste de première heure; member de la CGT de 1943 à 1947, il sera secrétaire general de l’Union
des syndicats CGT du Nyong et Sanaga en remplacement de Charles Assalé de 1945-1947.Cofondateur
de l’association tribale Ntem-Kribi, appellee encore Efulemeyong, il sera son secrétaire
Générale de 1948 à 1953; fondateur de “Action Paysanne”, une cooperative qui
avait pour but d’encadrer les planteurs de sa circonscription politique, Gaston
Medou a été president de l’Union Générale des Centres coopératifs agricoles du
Cameroun de 1958 à 1962. A ce titre , il fut élu Conseiller économique et
social en juillet 1961, et nommé conseiller auprès du BIT en matière
cooperative. Planteur, animateur rural, Gaston Medou a construit en 1962 un
village moderne communautaire à Nkpwang qui se trouve malheureusement dans la
broussaille aujourd’huit.
Directeur fondateur de l’Ecole populaire de Nkpwang en
1948, et fondateur de l’association scolaire du ntem, gaston Medou me Mvomo
sera le president-représentant national de l’enseignement privé laic de
1967 à 1969.
Dans sa retraite, l’homme politique Medou continuera à
occupier les responsabilités au sein de l’Union nationale camerounaise (UNC)
comme president départementel de la
section de ce parti et comme president du comité de base RDPC de son village
malgré la maladie qui le rongeait.
Au terme de ce rapide survol de la vie de Gaston Moise
Medou Mvomo, force est de reconnaitre que celle-ci fut riche en péripéties:
instituteur, planteur, animateur rural, syndicaliste, homme politique, etc……….
bref une vie exceptionnelle et multidimensionnelle. Gaston Medou a su defendre
les intérets socio-économiques, non seulement des populations de sa region Natale,
mais aussi ceux de tout le Cameroun. Pour cela, la nation entière devrait lui
rendre un vibrant hommage en attendant de voir un jour les restes de sa
dépouille mortelle transférés, avec ceux des autres compatriotes méritants, au
“pathéon camerounais” que nous appelons urgemment de tous nos voeux.
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