mardi 18 novembre 2003

LE PATRIARCHE EST MORT, VIVE LE PATRIARCHE!

LE DJA-ET-LOBO REND UN DERNIER HOMMAGE A SON PREMIER MEMBRE DU GOUVERNEMENT GASTON MOÏSE MEDOU ME MVOMO (1910-2003)

Par Samuel EFOUA MBOZO'O: le Libéral n°146 du mardi 18 Novembre 2003


                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   
                                                                                                              
                  Décédé le 28 octobre dernier dans son village natal a Nkpwang. Canton Mepho, arrondissement de Sangmelima, département du Dja-et-Lobo, province du Sud, Gaston Moise Medou me Mvomo a été inhume dans ce meme village le samedi 15 novembre 2003.
Mais combien de jeunes Djalobiens, combien de jeunes camerounais peuvent, aujourd’huit, lui dire qui était cet homme? Très peu, serait-on tenté de répondre. Et pourtant, Gaston Medou fait partie de ces grandes figures qui auront marqué l’histoire du Cameroun en general et celle du Dja-et-Lobo en particulier.
L’historien Samuel Efoua Mbozo’o a voulu rappeler à la mémoire collective la vie exceptionnelle et multidimensionnelle de celui qui fut tour à tour, instituteur, planteur, cooperant, animateur rural, syndicaliste, conseiller municipal, maire, député pendant22 ans et secrétaire d’Etat  à l’Information et aux PTT, etc…… Edifiant ! Gaston Moise Medou me Mvomo est né vers 1910 à Nkpwang, village situé à 13km de Sangmélima (Dja-et-Lobo) sur l’axe routier Mbalmayo-Sangmélima, de feue Mvomo Ze Eyinga du clan yembong et de feue Ekemeyong Akame du clan Yemfek, polygamie et père de plusieurs enfants. le village Nkpwang se trouve à quelques encablures de la station missionnaire presbytérienne américaine de Foulassi.Et c’est tout naturellement là que le jeune Medou fera ses premiers pas d’élève jusqu’au cours élémentaire 2ème année.
Après deux années pasées respectivement à bibia (lolodorf) ou se trouve l’école biblique de la mission presbytérienne américaine et à Etat (Ebolowa), gaston Medou revient à Fulassi en 1936 pour frequenter le cours pédagogique avant d’entrer, l’année d’après, à la prestigieuse école normale.il y passe deux années (1937 et 1938) et en sort aureole du non moins prestigieux diplome de moniteur indigene.
Mais son flirt avec l’enseignement ne dure pas. En effet, Gaston Moise Medou me Mvomo est recruté par decision n°2298 en date du 27 aout 1938 comme infimier auxiliaire de 6ème classe. Il est affecté à Yaoundé.Quatre mois plus tard, il est affecté à l’équipe de prospection du médécin-lieutenant Guillon (cf. decision n°3257 du 14 décembre 138). Il sert tour à tour dans le Nyong et Sanaga, le Nkam et le Mungo. En 1939, Gaston Medou change de nouveau.

                                        L’entrée en politique
En effet, il est admis sur concours direct en date du 15 décembre1939 dans le cadre local de la trésorerie en qualité d’expéditionnaire comptable de deuxième classe stagiaire et affecté à Yaoundé (cf. decision n°844 du 25 mars 1940).
Six ans plus tard, il est admis au concours interne du 31 aout 1946 dans le cadre des Commis africains du 4ème classe de la trésorerie (cf. arrété n°2640 du 1er septembre 1946).
Quelques mois plus tard, Gaston Medou suspend sa carrière administrative pour se consacrer à la politique. Il y passera le reste de ses jours. En effets, à la faveur d’une loi francaise d’octobre1946. Une assemblée representative de 40membres est crée au Cameroun (Arcam). Les élections ont lieu en decembre 1946 et janvier 1947 au double college et au scrutin restraint. La region du Ntem, composéée alors de trois des quatre département de l’actuelle province du Sud (dja-et-Lobo), Mvila et vallée du Ntem disposait de deux sieges dont un pour chaque college.
Dans le college des indigènes, Gaston Medou est élu délégué de la eégion du Ntem, à l’élection de 1946, devant ses autres concurrents qui étaient:
-          Medjo m’Azang Frédéric (Sangmélima)
-          -Oyono Doum (Ebolowa)
-          Akam Hans (Ebolowa)
-          Nyatte Nko’o (Sangmélima)
Dans le premier college, celui des citoyens français, c’est Gros André Albert qui fut élu. Gaston Medou siègera donc à l’ARCAM à ce titre de 1947 à 1952. Deux évènements importants dans l’histoire du Dja-et-Lobo datent de ce premier mandat: la creation de la region du Dja-et-Lobo le 29décembre 1951 et le financement de la “route du cacao” axe Mbalmayo-Sangmélima.evènement qu’il faut évidement mettre à l’actif du député du Dja-et-lobo. Il importe également de signaler qu’en octobre 1946, Gaston Medou est du voyage de cinq(5) délégués camerounais qui prennent part au Congrès constitutive du Rassemblement democratic africain(RDA) à Bamako ; la delegation, outre lui, était composes de:
-Djoumessi Mathias
-Manga Lobe
-Azombo Nsomoto
-Célestin Takala
En mars 1952, Gaston Medou est réelu, non plus à l’ARCAM, mais à l’ATCAM (Assemblée territorial du cameroun). En effet une loi française en date du 6 février 1952 a transformé l’ARCAM en ATCAM et a porté le nombre de conseillers de 40 à 50. Gaston Medou y représente,non plus la region du Ntem, mais plutot celle du Dja-et-Lobo crézée, comme nous l’avons dit plus haut, trois mois avant les élections.Les pouvoirs de l’ATCAM devaient expirer en mars 1957, mais cette échéance fut abrégée par une autre loi française du 15 novembre 156. Une nouvelle ATCAM de 70 membres, cette fois, est élue le 23 décembre 1956 et le 19 janvier 1957.C’était la première élection au college unique et au suffrage universel. La circonscription du dja-et-Lobo bénéficia de deux (02) sieges. Et pour la première fois, les partis politiques furent autorisés à presenter des listes. 
Gaston Medou fut à nouveau élu avec son colistier Ndoudoumou Ebo’o sur la liste Action Paysanne, à l’origine movement coopératif mais devenu pour les besoins de la cause movement politique. Ne disposant que de deux député, la liste Action Paysanne du dja-et-Lobo s’apparentera au groupe parlementaire du bloc des democrats chrétiens de André Marie Mbida.
 
               Attelage éphémère avec Mbida
L’ATCAM de 1957 avait été élue pour doter le Cameroun d’un statut d’autonomie interne, c’est-à-dire d’un gouvernement et d’une assemblée légiférante; ledit statut fut promulgué le 16 avril 1957, et conformément à ce dernier, l’ATCAM fut transformée en assemblée legislative(ALCAM) le 10 mai 1957. Le 15 mai, cette dernière confirmera le choix porté par le haut Commisaire Mesmer sur André Marie Mbida comme Premier minister. Aussitot investi, ce dernier forma un gouvernement de coalition de 13 ministres et secretaries d’Etat. Gaston moise Medou me mvomo faisait partie de ce premier gouvernement camerounais comme sécretaire d’Etat à l’information et aux Postes et télécommunications. 
Mais l’idylle avec le Premier ministre Mbida va vite tourner court, puisque Medou sera remercié quatre mois plus tard (septembre 1957) par Mbida. Il réintègre l’ALCAM comme non inscrit à la suite de sa demission du groupe BDC le 10 octobre 1957. Et c’est pendant qu’il s’y trouvait que cette dernière dote le Cameroun  d’une devise “Paix-travail-Patrie”, d’un emblème : “Vert-Rouge-Jaune”, d’un hymne national: “O Cameroun berceau de nos ancetres” et d’une première fete nationale “le 10 mai”. C’était cette meme ALCAM qui vota également deux resolutions le 18 juin  et le 24 octobre 1958 demandant à la  France de reconnaitre l’option du cameroun pour l’indépendance et la levee  de la tutelle de l’ONU sur le Cameroun pour l’indépendance et la levee de la tutelle de l’ONU sur le Cameroun sous administration francaise pour le 1er janvier 1960. Gaston Medou fera également partie, en remplacement de son colistier Ndoudoumou, du comité constitutionnel, institué par le Premier minister Ahidjo en vue de l’élaboration de la première constitution du future Etat indépendant     . 
Les élections legislatives avril 1960 à la 1ère Assemblée nationale furent malheureuses pour Gaston Medou puisque sa liste fut battue par celle de l’UPC compose de Simon owono Mimboe et Endangte Akoumezo’o Edouard. Mais après la levee de l’immunité parlementaire d’Owono Mimboe en novembre 1960, Gaston Medou sera de nouveau élu aux élections partielles de décembre 1961. 
Entre temps, à la faveur de la faveur de la revision constitutionnelle du 1er septembre1961, le Cameroun est devenu, à partir du 1er octobre 1961, une république fédérale avec deux Etats fédérés; le Cameroun oriental (ancien Cameroun sous tutelle française) et le cameroun occidental (ancient Cameroun sous tutelle de le grande Bretagne). Chaque Etat fédérés dispose d’une Assemblée legislative (ALCAMOR et ALCAMOC), alors Qu’ au niveau federal, il existe une Assemblée nationale fédérale. Dès 1962, cette dernière sera installée selon un principe de cooptation. Medou Gaston sera donc coopté de 1962 à 1965 comme député à l’Assemblée nationale fédérale au titre de l’Union Camerounaise (UC) dont il est devenu membre depuis 1961.
 
                                          Syndicaliste
En juin 1965, il sera réelu comme député à l’ALCAMOR et le restera jusqu’en 1970. Ainsi, Gaston Medou aura passé environ vingt deux (22) ans comme député du Dja-et-Lobo ! il réintégrera sa carrière administrative aussitot après comme controleur du trésor (cf. arrété n°129 du 6/10/1973). 
En 1975, il sera intégré dans le cadre des inspecteurs du trésor après reconstitution de carrière (cf. arrété n° 75/40 du 12/09/1975). 
Mais  quelques temps auparavant, il aura été mis à la retraite (cf. arrété n° 01409 du 01/08/1975). Notons pour etre complet que gaston Medou aura été un syndicaliste de première heure; member de la CGT de 1943  à 1947, il sera secrétaire general de l’Union des syndicats CGT du Nyong et Sanaga en remplacement de Charles Assalé de 1945-1947.Cofondateur de l’association tribale Ntem-Kribi, appellee encore Efulemeyong, il sera son secrétaire Générale de 1948 à 1953; fondateur de “Action Paysanne”, une cooperative qui avait pour but d’encadrer les planteurs de sa circonscription politique, Gaston Medou a été president de l’Union Générale des Centres coopératifs agricoles du Cameroun de 1958 à 1962. A ce titre , il fut élu Conseiller économique et social en juillet 1961, et nommé conseiller auprès du BIT en matière cooperative. Planteur, animateur rural, Gaston Medou a construit en 1962 un village moderne communautaire à Nkpwang qui se trouve malheureusement dans la broussaille aujourd’huit. 
Directeur fondateur de l’Ecole populaire de Nkpwang en 1948, et fondateur de l’association scolaire du ntem, gaston Medou me Mvomo sera le president-représentant national de l’enseignement privé laic de 1967  à 1969. 
Dans sa retraite, l’homme politique Medou continuera à occupier les responsabilités au sein de l’Union nationale camerounaise (UNC) comme president  départementel de la section de ce parti et comme president du comité de base RDPC de son village malgré la maladie qui le rongeait. 
Au terme de ce rapide survol de la vie de Gaston Moise Medou Mvomo, force est de reconnaitre que celle-ci fut riche en péripéties: instituteur, planteur, animateur rural, syndicaliste, homme politique, etc………. bref une vie exceptionnelle et multidimensionnelle. Gaston Medou a su defendre les intérets socio-économiques, non seulement des populations de sa region Natale, mais aussi ceux de tout le Cameroun. Pour cela, la nation entière devrait lui rendre un vibrant hommage en attendant de voir un jour les restes de sa dépouille mortelle transférés, avec ceux des autres compatriotes méritants, au “pathéon camerounais” que nous appelons urgemment de tous nos voeux.

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