mardi 10 décembre 1991

INTERVIEW ACCORDEE PAR L'HONNORABLE SAMUEL EFOUA MBOZO'O A EXPRESSION DIRECTE



CRTV : il y’a 50 ans qu’a eu lieu la déclaration universelle des droits de l’homme. Mais quand on parle des droits de l’homme, chacun à sa propre définition. Honorable, en ce qui vous concerne, quelle définition donnez-vous des droits de l’homme ?

S.E.M :  le 10 décembre prochain effectivement, la déclaration universelle des droits de l’Homme aura 50 ans, jour pour jour. Car c’est le 10 décembre 1948, au cours de sa troisième session, que l’Assemblée générale des nations unies représentées à l’époque par 48 Etats, a dopté la résolution 217A relative à la déclaration universelle des droits de l’Homme. Sur les 48 Etats représentés, aucun n’a voté contre, bien qu’il y ait eu 8 abstention. C’est dire toute l’importance que la communauté internationale attache depuis lors à ce secteur.

            Quand vous dites que chacun a sa propre définition des droits de l’Homme, je trouve cela regrettable. Les pères fondateurs de la déclaration universelle des droits de l’Homme avaient une telle claire vision de ces droits que ce serait faire tort à l’histoire que de prétendre donner sa définition propre à ces droits de l’Homme.
            Je voudrais donc m’inspirer de l’Histoire pour essayer de cerner la notion des droits de l’Homme. Tout d’abord, je dirai que la déclaration universelle des droits de l’Homme est l’aboutissement d’un long processus de revendication des libertés fondamentales qui puisse ses racines lointaines dans la première constitution dont les treize premiers Etats Américains se dotèrent à Philadelphie en 1774. Dans cette constitution, ils reconnaissaient l’égalité des droits entre les citoyens.
            Vingt-cinq après, en 1789, la France, à travers sa révolution, emboita le pas aux Etats Unis avec la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. A la fin de la première guerre mondiale, les droits de l’Homme trouvèrent une nouvelle expression dans le pacte de la société des Nations. En 1945, à la conférence qui s’est tenue à San Francisco pour élaborer la charte des Nations Unies, une proposition fut présentée relative à la rédaction d’une déclaration des droits fondamentaux de l’Homme. C’est cette déclaration qui sera enfin adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution n° 217A, après bien de péripéties.
            Cette déclaration se compose d’un préambule et de 30 articles énonçant les droits de l’Homme essentiels et les libertés fondamentales auxquels peuvent prétendre sans discrimination de race, de couleurs ou de religion tous les hommes et toutes les femmes du monde entier.
            Ces droits et libertés sont :
̶            Droit à la liberté et à l’égalité (acquis dès la naissance et qui ne saurait être aliénés)
̶            Droit à la vie, à la liberté et à la liberté d’expression
̶            Droit à la propriété, à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; Liberté de réunion et d’association
̶            Droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays
̶            Droits économiques, sociaux et culturels (droit à la sécurité sociale, au travail, à un salaire égal pour un travail égal, au repos, aux loisirs, etc.)
            Tous ces droits et libertés forment la charte internationale des droits de l’Homme qui comporte non seulement la déclaration universelle des droits de l’Homme, mais également le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le pacte international relatif aux droits civiques et politiques.
            Pour conclure, je dirais que la déclaration universelle des droits de l’Homme devrait être considérée comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société s’efforcent par l’enseignement et l’éducation de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application des Etats membres des Nations unies tant parmi les populations des Etats membres des Nations Unies eux-mêmes que parmi les territoires placés sous leur juridiction.
            Voilà ce que jeux dire de la déclaration des droits de l’Homme en m’inspirant de l’Histoire et de l’observation quotidienne de la société.

CRTV : le Cameroun vient de lancer une campagne de vulgarisation des droits de l’Homme dans les 10 provinces. Quelle est la participation du RDPC dans cette opération ?

S.E.M : Avant de répondre à votre question, souffrez que je rappelle à la mémoire de ceux qui nous suivent ce soir que la campagne de vulgarisation des droits de l’Homme au Cameroun a été lancée le 15 juin dernier par S.E Peter MUSONGUE MAFANY, Premier Ministre et chef de Gouvernement.
            Je me dois également de rappeler que cette campagne s’inscrit en droite ligne de la résolution 52/117 de l’ONU à sa 52e session, résolution invitant les gouvernements des Etats membres à définir et à mettre en œuvre des programmes nationaux à l’occasion de la commémoration du 50e Anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme en s’assurant une participation la plus large possible dans toutes les couches de la société civile pour conscientiser l’ensemble de la Nation sur la lettre et l’esprit de la déclaration.
            Ceci dit, je voudrais vous faire remarquer que la campagne lancée dernièrement dans les 10 chefs-lieux de Province n’est qu’une étape parmi tant d’autres. Cette campagne sur décision du gouvernement va s’étaler du reste sur six mois.
            Avant le lancement de la campagne auprès des provinces, il y avait déjà eu la commémoration de la journée de l’enfant africain, le 16 juin, commémoration matérialisée par la tenue du Parlement des Enfants au palais de l’Assemblée Nationale. D’autres étapes suivront, telles que :
̶            Une campagne d’affichage du texte de la déclaration universelle des droits de l’Homme sur l’ensemble du Territoire national ;
̶            L’organisation des séminaires de vulgarisation des droits de l’Homme dans les 10 provinces ;
̶            L’institution d’une place des droits de l’Homme à Yaoundé ;
̶            L’inventaire des instruments internationaux des droits de l’Homme non encore ratifiés par notre pays ;
̶            L’institution d’un prix sur la meilleure recherche sur les droits de l’Homme.
Quelle est la part du RDPC dans tout cela ? me demandez-vous. Eh bien ! vous n’êtes pas sans savoir que le gouvernement actuel dans sa très grande majorité, est l’émanation du RDPC. Je voudrais dire par là que le peuple camerounais dans sa grande majorité, a renouvelé sa confiance au RDPC ainsi bien lors de l’élection présidentielle d’octobre 1997 que lors des législatives de Avril-Mai 1997. Ce faisant, le peuple camerounais a souscrit au programme de société que lui proposait le RDPC. Il va de soi que dans ce programme, les droits de l’Homme occupent une place importante.
Ce rappel était nécessaire pour répondre à votre question. La participation du RDPC à la campagne de vulgarisation des droits de l’Homme va de soi, puisque celle-ci est de son initiative. Il est donc évident que le programme arrêté par un gouvernement majoritairement RDPC, sera scrupuleusement appliqué et suivi par le RDPC.

CRTV : Une certaine opinion estime que le RDPC ne respecte pas les droits. Quel est votre sentiment à propos ?

S.E.M : un vieil adage dit que « la critique est facile et l’art pas aisé ». A ceux qui le disent je voudrais tout simplement les renvoyer au discours moral magistral du président national lors de l’ouverture du 2ème congrès ordinaire en décembre 1996. Qui sont-ils ceux-là qui se découvrent sur le tas comme des défenseurs des droits de l’Homme ?
Soyons sérieux ! j’ai comme l’impression que ceux-là ont la mémoire bien courte.
Ont-ils oublié que dès son accession à la magistrature suprême, le président national du RDPC, président de la république et chef d’Etat, a placé l’Homme au centre de toute œuvre de développement, en prônant la politique de libération et de la démocratisation qui augurait De sa ferme détermination à faire des droits de l’Homme l’un des objectifs fondamentaux de son action à la tête de l’Etat ?
Ont-ils oublié que le gouvernement du renouveau, le gouvernement RDPC a pris une série de mesures législatives et règlementaires successives sur les droits et libertés des Hommes, notamment :
       En démantelant la législation d’exception qui avait cours jusque-là ;
       En restaurant la liberté d’association et d’expression ;
       En supprimant la censure administrative ;
       En protégeant les minorités et en garantissant la sécurité des biens et des personnes ;
       En proposant une révision constitutionnelle dont la préambule, partie intégrante à la constitution, proclame solennellement notre adhésion totale à la Déclaration des Droits de l’Homme. Et j’en passe.
       L’adoption d’un nouveau code de travail, plus protecteur des intérêts des travailleurs
       La répression des comportements cruels, inhumains ou dégradants
Ont-ils oublié que le président national du RDPC a créé le 8 Novembre 1990 le comité national des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales afin de faire assurer en permanence la promotion et la protection de ces droits et libertés ?
Ont-ils oublié que c’est sous l’impulsion du gouvernement RDPC que de nombreux ONG et associations ouvrant activement dans le domaine des droits de l’Homme ont été créés ?
Au vu de ce qui précède, il me semble donc injuste voire malhonnête de prétendre que le RDPC ne respecte pas les droits de l’Homme. Il ne faudrait pas que les quelques bavures observées çà et là par la faute de certaines brebis galeuses, éludent le travail en profondeur qui est fait par le pouvoir RDPC en faveur des droits de l’Homme.

CRTV : Quelle vision avez-vous de l’avenir des droits de l’Homme au Cameroun ?

S.E.M : je dois dire pour répondre à votre question que la lutte pour les droits de l’Homme et des libertés est une quête permanente. La célébration du cinquantenaire de la déclaration des droits de l’Homme ne saurait par conséquent être une fin en soi. Au contraire, elle devrait constituer le point de départ vers de nouvelles conquêtes. C’est pour cela que le comité national des droits de l’Homme et des libertés devrait veiller, plus qu’avant et en rapport avec les pouvoirs publics, à l’amélioration et à la généralisation de l’introduction de l’enseignement des droits de l’Homme dans l’enseignement fondamental secondaire et supérieur. Il devrait veiller également à la formation des personnels administratifs et des associations, à la formation des formateurs, des associations, à l’amélioration des conditions carcérales, à la promotion et à la vulgarisation des droits de la femme et ceux de l’enfant, à l’aide et à l’assistance aux personnes invalides, handicapées et fragiles. Bref ! il devra veiller à l’amélioration des conditions de vie en général.
            Pour ce faire, le Cameroun aura encore besoin de l’aide des partenaires internationaux pour renforcer ses capacités dans ce domaine. Le pari des Droits de l’Homme nous interpelle tous. Et c’est ensemble que nous pouvons le relever.

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