Monsieur
le représentant personnel du Président de la République
Monsieur le Gouverneur de la Région du Sud,
Monsieur le Gouverneur de la Région du Sud,
Autorités
Administratives, Universitaires, Judiciaires et Traditionnelles en vos divers
titres et grades,
MADAME EYINGA MIRELLE,
CHERE FAMILLE EPLOREE,
MESDAMES ET MESSIEURS
J’interviens
ici et maintenant à un double titre : d’’abord, comme universitaire
ou, devrais-je dire, comme porte-parole de la communauté universitaire
originaire de la Région du Sud exerçant à l’Université de Douala, ensuite comme Mme Ngoé représentant
des Ngoe de Ndjantom dans le Dja-et-Lobo.
En effet, lorsque la triste nouvelle du décès
de notre aîné Abel Eyinga nous est parvenu à Douala, nous nous sommes rapproché
de notre Ministre de tutelle, frère de la région du Sud, le Pr J. Famé Ndongo
pour nous acquérir du programme des obsèques du de cujus ; Le Ministre nous a
demandé de nous organiser au niveau de Douala pour pouvoir assister à ces
obsèques.
Je voudrai donc, au nom de la communauté
universitaire des ressortissants de la Région du Sud résidant à Douala,
présenter à la famille éplorée nos condoléances les plus attristées.
Nous mesurons combien grande est votre
peine, votre douleur devant une telle épreuve. Perdre un mari, un père, un
grand père de la dimension d’Abel, c’est comme perdre une partie de son corps humain.
Nous avons tenu à partir de Douala et à venir partager avec vous ces moments
difficiles de votre vie.
Mesdames,
Messieurs,
Comme
vous le savez, Abel Eyinga était un universitaire chercheur de renommée
internationale. La tradition universitaire voudrait que lorsqu’un membre de sa
communauté décède, que celle-ci lui rende un hommage académique mérité. La
communauté universitaire de Douala m’a donc chargé de lire l’hommage ci-après,
hommage qui consiste à déclamer l’octave de l’emblématique et immortel Abel
Eyinga dont la première note serait sa floraison.
En effet, Abel Eyinga Mbele nait un 13
juillet 1933 dans un village perdu de la forêt équatoriale, Nyabwassa dans la
subdivision de Sangmelima. Son père est Ngoé d’Ondodo, et sa mère Yekombo de
Bingou à l’entrée de Nden.
La 2ème note octave porte sur
son éducation et sa formation. En effet, la vie du jeune Eyinga débute comme
celle de tous ses confrères par une triple éducation :
-
Une éducation traditionnelle et culturelle
qui enracine le jeune Eyinga à sa terre natale à travers l’école publique
Pondérée par une formation physique de routine, cette initiation traditionnelle
lui permet de développer la bravoure, la vaillance, le courage, l’endurance, la
témérité, le sens du don de soi pour la patrie.
-
Une éducation religieuse qui raffermie le
conditionnement du jeune et l’arme du sens de l’amour envers le prochain, la
patrie, le sens du pardon la tolérance, l’équité et la justice. Le jeune Eyinga
comprend et assimile très tôt la fonction élévatrice du sacrifice de soi dans
une foi inébranlable qui le conduit à l’éclosion de l’esprit intellectuel.
-
Une formation intellectuelle enfin qui
débute à Olama (CP- CE2) près de Mbalmayo, et le conduit tour à tour à
Yokadouma, Mbalmayo, Yaoundé-Djoungolo, (CEPE), Ebolowa (cours de sélection),
Yaoundé (lycée Lee 1ère où il obtient le baccalauréat en 1952.
Le jeune Eyinga s’envole pour la France où
il poursuit ses études universitaires à la Prestigieuse université Française la
Sorbonne et par la suite à l’Ecole Nationale de la France d’Outre- mer.
Durant son séjour parisien, il s’initie au
syndicalisme estudiantin et politique sous le regard bienveillant de son aîné
de compatriote Benoit Bala et il suscite au sein de la FEANF, il deviendra
Président de l’Association des Etudiants à Paris et Secrétaire général du
Cercle Camerounais.
Le 7 novembre 1957, il prend pour épouse
Mlle Michelle Dirier diplômée de l’ENS qui lui donnera trois enfants dont deux
filles et un garçon.
La formation intellectuelle culmine avec
son diplôme d’Administrateur de la France d’outre-mer et surtout avec l’obtention
de son Doctorat en Droit à l’université de Paris en 1960. Sa thèse porte sur
les premières élections législatives tenues le 10 avril 1960 au Cameroun
indépendant.
Ainsi, Abel était non seulement un juriste
de renom, mais aussi un administrateur civil de formation. En somme, les
éducations traditionnelle, religieuse et intellectuelle n’étaient qu’une
préparation de la monture d’une emblématique mission.
Cette dernière, et c’est la 3ème
note de notre octave, commence, nous l’avons dit, avec le syndicalisme, le
militantisme au sein de la FEANF et la création du Cercle Camerounais d’Etudes
juridique, économiques et sociales à Paris en France, en 1957 qui éditeme revue
scientifique (revue camerounaise) un bimensuel qui publie les articles préparés
par les jeunes camerounais de la diaspora en France et en Europe pour faire
connaître le Cameroun t l’actualité nationale à travers le monde. Le slogan de
la revue, inspiré de son directeur de publication en dit long : « bien
informés, les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets
».
Pendant qu’on entendait encore en sourdine
les carillons de l’indépendance de la jeune République du Cameroun, notre jeune
administrateur français est affecté dans sa terre natale pour contribuer à
l’œuvre de construction nationale. Mais comme le dit le vieil adage « nul n’est
prophète chez soi », la 4ème notre de l’octave de notre emblématique
Abel Eyinga se jour sur un air de cacophonie. « Ce fut infernal », (SIC).
Nommé chef service du contentieux administratif
dans les services du Premier Ministre chef du Gouvernement, la cohabitation
avec son patron, mais son neveu sur le plan de la filiation ne fut pas un long
fleuve tranquille, au contraire.
Il n’y eut la vie sauve,
me confia-t-il personne, que parce qu’un courrier venu de Paris sommait les
autorités camerounaises de « renvoyer le citoyen Abel Eyinga en France dans le
premier avion ».
Commence ainsi une vie d’exil qui va durer
près d’une trentaine d’année, cette 5ème note de l’octave de la
mission emblématique d’Abel va se chanter à New-York (USA) comme fonctionnaire
international sous contrat au Secrétaire général des Nations Unies (département
des Affaires Politiques et du Conseil de Sécurité), puis dans le journalisme où
il publie des articles dans le journal Afrique- Asie, avant d’embrasser
l’enseignement à l’Université d’Alger pendant douze ans et à la Sorbonne. En
même temps, il est consultant à l’UNESCO pour les Affaires internationales et
les Droits de l’Homme.
C’est pendant son exil que le génie
créateur d’Eyinga Abel explose. Sollicité de toutes parts, il partage sa vie
entre ses enseignements, ses conférences et le militantisme. Certains le trouve
idéaliste, rêveur car il ne se détermine pas sur sa chapelle politique.
Et pourtant, il aura le courage de se
présenter à l’élection Présidentielle de 1970, ce qui lui voudra un mandat
d’arrêt qu’il ironisera, à sa manière en publiant un ouvrage sulfureux : «
Mandat d’arrêt et pour cause d’élection : de la démocratie au Cameroun »,
l’Harmattan. D’autres ouvrages suivis ont d’ailleurs :
-
L’UPC, une révolution manquée, ed chaka,
-
Introduction à la politique Camerounaise,
éd Antropos, 1984.
-
La fin des élections : un cas d’évolution,
récessive de la démocratie, éd. L’harmattan 1990.
Mais l’exil ne sieyait pas à notre
emblématique Eyinga Abel. Aussi, dès que l’occasion lui fut donnée de retrouver
au pays à la faveur des mesures instruites par S.E. Paul Biya, Abel Eyinga
s’empressa-t-il de revenir à la maison.
Son ambition était de faire œuvre utile en
enseignant à l’université. Malheureusement, me confirma-t-il, on ne lui a
jamais donné cette occasion. Pour quelle raison ? Lui-même n’en dit mot. Il va
donc commencer à chanter la 6ème note de son octave qui pourrait se
résumer à l’incarnation du jusqu’auboutisme nationaliste et patriotique.
En effet, de retour en terre natale, Abel
s’est émerveillé à sublimer l’arène polition que nationale. « J’aurai voulu
être élu Maire d’Ebolowa ou à la limite Député » mais deux à trois expériences
malheureux (2 fois à l’élection municipale, une fois à l’élection législative)
vont le convaincre à faire la politique autrement en éduquant les jeunes
générations à travers les causeries nocturnes sur les vertus citoyennes, le
fonctionnement des institutions en publiant des articles éducatifs dans les
journaux et en ache... de lettres ouvertes à des catégories sociales bien
ciblées (députés, ministre, etc...). Même s’il conseille la relance
d’Efoulameyong, tout son enseignement appelle les jeunes à devenir des citoyens
véritables, enracinés dans leur culture et leur terre natale. Bref la 7ème
note de l’octave aura consisté pour Abel de transmettre aux jeunes générations
l’amour de la patrie, le culte de la méritocratie, etc...
Affublé par la pénibilité
d’un long et épouvantable parcours sur terre, Adbel Eyinga Mbele, assis sur une
chaise roulante ne renonce pas à sa mission. Il continue plus que par le passé,
à diffuser le
nationalisme,
le patriotisme, l’amour du prochain jusqu’à ce............................................................................................ ,
« Désire, illa, jour de
colère, que ce jour-là. Clu non ! Ce n’est point un jour de colère, c’est
plutôt un jour de sublimation. C’est la 8ème note de l’octave d’une
vie emblématique, c’est la dernière note de l’octave de transition d’Abel
Eyinga à une vie nouvelle, à savoir l’immortalité ou l’éternité bien méritée.
Et cette dernière note, c’est nous qui la chantons.
Merci, prof pour tes
enseignements
Merci, cher vaillant
frère,
Merci cher compatriote
pour ton charisme
Merci pour tout cher patriarche, père et
frère nous savons que tu es devenu ce feu dont parle Senghor : « feu que les
hommes regardent dans la nuit profonde... feu qui brûle et ne chauffe pas...
feu qui brille et ne brûle pas feu qui vole sans corps... »
Va et repose en paix.
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