Par Samuel
EFOUA MBOZO’O
Maître de
conférences
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Université de Douala
Introduction
Protectorat
allemand (1884-1916), Territoire sous mandat de la Société des Nations
(1919-1945), Territoire sous tutelle de l’Organisation des Nations Unies
(1946-1960/1961), le Cameroun, décidément, était voué à
l’ “ internationalisme «[1]
en attendant son indépendance et
sa réunification.
Il serait
fastidieux de retracer ici le long processus qui a conduit à la réunification
du Cameroun. On se rappelle, en effet, que le Cameroun, dont la côte aurait été
fréquentée successivement par les Carthaginois (Périple d’Hannon, vers ca
471-472)), les Portugais(Rio dos camaroes,vers1472), Espagnols, les
Britanniques( vers 1840), les Français ,etc est connue comme entité
territoriale avec l’arrivée des Allemands en 1884. En trente ans
d’administration allemande, le Cameroun a atteint une superficie de plus de
700 000 km² (NEU KAMERUN). Mais la Première Guerre mondiale-qui a duré
moins de deux ans au Cameroun (août 1914-février1916)- vint changer le cours de
l’histoire de notre pays.
En effet, la Première Guerre mondiale se
termina au Cameroun le 20 février 1916 avec la capitulation de Mora. Les
Allemands se réfugièrent en Guinée espagnole, territoire neutre comme la
métropole, l’Espagne. Mais bien avant la fin de la guerre au Cameroun et à la
suite de l’occupation de la ville de Douala par les forces alliées en septembre
1915, un condominium, sorte d’administration commune, spéciale et provisoire,
fut établi entre les Français et les Anglais.
Aussitôt après
le départ du dernier Allemand, les vainqueurs se partagèrent le butin de
guerre. L’Accord du 4 mars 1916 mit fin au condominium et définit les
frontières d’influence de la
France et de la
Grande Bretagne.[2]
Lors de la
conférence des préliminaires de la paix tenue à Paris le 24 janvier 1919, on
aborda la question des colonies. Si la non restitution à l’Allemagne de ses territoires
fit l’unanimité des participants, la question du sort à assigner à ces
territoires par contre fut diversement interprétée.
Pour le
président américain Wilson, dans le 5e des 14 points qu’il énuméra devant
le Congrès des Etats-Unis le 8 janvier 1918, il préconisa « un arrangement librement débattu, dans un esprit large et
absolument impartial, de toutes les revendications coloniales, fondé sur la stricte
observation du principe que, dans le règlement de ces question de souveraineté,
les intérêts des populations en jeu pèseront d’un même poids que les
revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir ». [3] Ce langage
a laissé croire que le Président Wilson
avait en vue l’internationalisation des colonies allemandes avec leur
administration confiée à la Société
des Nations.
Les Alliés,
par contre, étaient d’accord pour l’annexion pure et simple des colonies
allemandes. Après plusieurs jours de discussions et de concessions réciproques, un projet de “Covenant ” de la ligue des Nations fut publié le 13 février
1919. Son article 19 qui prévoyait le Mandat colonial devait devenir l’article
22 du Pacte de la SDN. Ce qui
provoqua des protestations de la part des Anglais et Français qui ne
souscrivirent pas à l’arrangement. Le projet du 13 février fut amendé et adopté
à l’unanimité par la conférence de paix le 25 avril 1919.
Le Traité de
Versailles signé le 28 juin 1919 fixa le sort réservé aux colonies allemandes.
Conformément aux articles 118 et 119, “ l’Allemagne
renonce en faveur des principales puissances alliées et associées à tous ses
droits et titres sur ses possessions d’Outre-mer”. Mais, bien avant la
signature du Traité de Versailles et en vue de la renonciation de l’Allemagne,
le Conseil supérieur, représentant les principales puissances alliées et
associées, avait pris, le 7 mai 1917, une décision répartissant les colonies
sous le régime de mandat, en formules A, B et C, régime proposé par Smuts,
représentant Sud-Africain. Le Cameroun se trouva classé sous la formule B
regroupant les pays à revenus moyens.
Les Anglais et
les Français, vainqueurs des Allemands au Cameroun, se virent ainsi confier le
mandat sur ce dernier. Le 10 juillet 1919 à Londres, la France et le Royaume-Uni
fixèrent les limites de leurs zones d’influence respectives et demandèrent aussitôt l’application du régime
de Mandat. Celle-ci intervint en juillet 1922 :
“ Ainsi, le Cameroun qui, depuis
toujours, avait une vocation à l’internationalisme historique devenait la propriété privée et chasse gardée de
deux puissances … ”[4]
Le Cameroun
fut donc divisé en deux entités
administratives, française et britannique. Si la partie confiée à la France a gardé son unité
territoriale et l’homogénéité de son administration jusqu’à l’indépendance le 1er
janvier 1960, la partie confiée au
Royaume-Uni, par contre, a subi des modifications sur les plans
territorial, politique et administratif. Cet héritage « colonial » a
pesé et continue de peser sur l’évolution du Cameroun, cinquante après son
indépendance et sa ré unification.
Le présent
article examine le processus ayant conduit à l’indépendance et à la réunification
du Cameroun à travers les débats à
l’ONU. A cet effet, il présente , dans
un premier temps , les forces en présence (1ère partie ) avant
d’examiner l’enchaînement des évènements
et de ces forces dans chaque Territoire
sous tutelle(2ème et 3ème parties).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire