mercredi 30 novembre 2016

LE TOURNANT HISTORIQUE DE L’INDEPENDANCE




Par Samuel EFOUA MBOZO’O

            1960-2010, cinquante années déjà que le Cameroun est indépendant. Cinquante années, dans la vie d’un homme, c’est l’âge adulte, l’âge de la raison. Mais, dans la vie d’un pays, pourrait-on en dire autant ? On serait tenté de répondre par la négative, car l’édification d’une nation est une œuvre de longue haleine : « Rome ne s’est pas bâtie en un jour » a-t-on coutume de dire. Cela est également vrai pour le Cameroun.
Indépendance ! le mot est lâché pour la première fois au chapitre XII de la Charte des Nations unies, article 76, paragraphe b). Ce dernier indique, en effet, qu’un des buts du régime international de tutelle est «  de favoriser leur ( les habitants de ces territoires) évolution progressive vers la capacité de s’administrer eux-mêmes ou l’indépendance… ». Nous nous proposons donc dans cet article de revisiter le parcours du Cameroun vers son indépendance, ceci en accordant un intérêt particulier à la dernière phase, c’est-à-dire la proclamation de l’indépendance. Il sera ensuite question d’analyser les contextes international et national qui prévalaient au moment de cet évènement majeur. Enfin, l’épilogue consistera à jeter un regard sur l’organisation du nouvel Etat dans divers domaines :constitution ,symboles de l’Etat etc.

            A- Proclamation de l’indépendance : évocation

            ‘‘Une nouvelle année commence : un nouvel Etat vient de naître’’[1]. Cette phrase de M. BOKOTO, maire de la ville de Douala, illustre de façon pertinente  la situation exceptionnelle que vit le  Cameroun  en ce premier jour du premier  mois de l’an de grâce 1960.
            Tout commence aux premières heures de la matinée. Il est 6h du matin. Les préparatifs des cérémonies prévues à 8h battent déjà leur plein. A la place de l’hippodrome (actuel hôtel de ville), les populations, nombreuses, sont à l’attente du grand évènement. A 8h, le drapeau du nouvel Etat-Vert-Rouge-Jaune- est hissé au dessus du palais du gouvernement.
            Il est exactement 9h 30mn quand les mots, que tout le monde attendait mais dont personne ou presque personne ne maîtrisait réellement l’agencement, furent prononcés. Ayant à sa droite Louis Jacquinot, ministre d’Etat français, envoyé spécial du Général De Gaulle et, à sa gauche, Dag Hammarskjoeld, Secrétaire général de l’ONU, debout, M. Ahmadou Ahidjo, Premier ministre de ce qui, jusque-là ,était encore  l’Etat sous Tutelle du Cameroun, lança d’une voix un tantinet tremblante : ‘‘Camerounais, Camerounaises, le Cameroun est libre et indépendant’’. Son discours est interrompu par une salve d’applaudissements. Quelques instants après, remis de ses émotions, l’auditoire permet au Premier ministre de continuer son propos :
            «  Ces mots font vibrer en chacun de nous une émotion que nous ne dissimulons pas tant elle est naturelle, tant elle touche aux aspirations les plus profondes et les plus pures de tous ceux qui portent le nom d’hommes … »
                         « …La fête que nous célébrons n’est pas seulement la fête des Camerounais, mais elle est la fête de tous les hommes libres… »
         « …Camerounais des villes, des villages et des campagnes, nos cœurs battent aujourd’hui ensemble d’un même rythme ;notre drapeau national flotte partout au rythme de votre joie… »
             « …Nous saurons dans l’enthousiasme ensemble bâtir une nation dont nos enfants seront fiers et qui, dans le monde, marquera sa place sous le triple signe de notre devise nationale :Paix-Travail-Patrie »
                               « Vive la liberté ! »
                               « Vive le Cameroun indépendant ! »[2]

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