Par Samuel EFOUA MBOZO’O
1960-2010, cinquante années déjà que
le Cameroun est indépendant. Cinquante années, dans la vie d’un homme, c’est
l’âge adulte, l’âge de la raison. Mais, dans la vie d’un pays, pourrait-on en
dire autant ? On serait tenté de répondre par la négative, car
l’édification d’une nation est une œuvre de longue
haleine : « Rome ne s’est pas bâtie en un jour » a-t-on
coutume de dire. Cela est également vrai pour le Cameroun.
Indépendance ! le mot est lâché pour la première fois au
chapitre XII de la Charte
des Nations unies, article 76, paragraphe b). Ce dernier indique, en effet,
qu’un des buts du régime international de tutelle est « de favoriser
leur ( les habitants de ces territoires) évolution progressive vers la capacité
de s’administrer eux-mêmes ou l’indépendance… ». Nous nous
proposons donc dans cet article de revisiter le parcours du Cameroun vers son
indépendance, ceci en accordant un intérêt particulier à la dernière phase,
c’est-à-dire la proclamation de l’indépendance. Il sera ensuite question
d’analyser les contextes international et national qui prévalaient au moment de
cet évènement majeur. Enfin, l’épilogue consistera à jeter un regard sur
l’organisation du nouvel Etat dans divers domaines :constitution ,symboles
de l’Etat etc.
A-
Proclamation de l’indépendance : évocation
‘‘Une
nouvelle année commence : un nouvel Etat vient de naître’’[1].
Cette phrase de M. BOKOTO, maire de la ville de Douala, illustre de façon pertinente la situation exceptionnelle que vit le Cameroun
en ce premier jour du premier
mois de l’an de grâce 1960.
Tout commence aux premières heures
de la matinée. Il est 6h du matin. Les préparatifs des cérémonies prévues à 8h
battent déjà leur plein. A la place de l’hippodrome (actuel hôtel de ville),
les populations, nombreuses, sont à l’attente du grand évènement. A 8h, le
drapeau du nouvel Etat-Vert-Rouge-Jaune- est hissé au dessus du palais du
gouvernement.
Il est exactement 9h 30mn quand les
mots, que tout le monde attendait mais dont personne ou presque personne ne
maîtrisait réellement l’agencement, furent prononcés. Ayant à sa droite Louis
Jacquinot, ministre d’Etat français, envoyé spécial du Général De Gaulle et, à
sa gauche, Dag Hammarskjoeld, Secrétaire général de l’ONU, debout, M. Ahmadou
Ahidjo, Premier ministre de ce qui, jusque-là ,était encore l’Etat sous Tutelle du Cameroun, lança d’une
voix un tantinet tremblante : ‘‘Camerounais,
Camerounaises, le Cameroun est libre et indépendant’’. Son discours est
interrompu par une salve d’applaudissements. Quelques instants après, remis de
ses émotions, l’auditoire permet au Premier ministre de continuer son
propos :
« Ces mots font vibrer en
chacun de nous une émotion que nous ne dissimulons pas tant elle est naturelle,
tant elle touche aux aspirations les plus profondes et les plus pures de tous
ceux qui portent le nom d’hommes … »
« …La fête que nous célébrons n’est pas
seulement la fête des Camerounais, mais elle est la fête de tous les hommes
libres… »
« …Camerounais des villes, des
villages et des campagnes, nos cœurs battent aujourd’hui ensemble d’un même
rythme ;notre drapeau national flotte partout au rythme de votre
joie… »
« …Nous saurons dans l’enthousiasme ensemble
bâtir une nation dont nos enfants seront fiers et qui, dans le monde, marquera
sa place sous le triple signe de notre devise
nationale :Paix-Travail-Patrie »
« Vive la liberté ! »
« Vive
le Cameroun indépendant ! »[2]
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