Par Samuel EFOUA MBOZO’O
Maître de Conférences.
Résumé :
L’Assemblée nationale élue le 24
avril 1988, sur la base de plusieurs listes concurrentes issues du même parti,
le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a jeté les bases du
multipartisme au Cameroun en adoptant un certain nombre de lois importantes,
notamment au cours de la session parlementaire
dite « session des libertés » (Nov.-déc.1990).Son
mandat fut écourté en décembre 1991 pour permettre l’élection anticipée d’une
Assemblée pluraliste.
Cette dernière Assemblée du parti
unique fut élue au moment où le Cameroun, comme la plupart des pays africains, traversait
une crise économique impitoyable dans les années 1980-1990. Pour réagir,
beaucoup de pays africains recoururent aux institutions de Bretton Woods, à travers des plans d’ajustement structurel
dont les conditionnalités (baisse des salaires, réduction du train de vie de
l’Etat, licenciements, chômage, etc.) entraînèrent des revendications d’ordre
social qui dégénérèrent aussitôt en revendications politiques appelant à une
plus grande démocratisation de la vie nationale. Le Cameroun ne fut pas en
reste.
Cet article se propose par
conséquent d’examiner les différentes phases préliminaires que cette Assemblée
a connues, de concert avec les autres acteurs sociaux et politiques, pour
préparer l’avènement du multipartisme au Cameroun.
Mots-clés : Cameroun,
Assemblée nationale ; Cameroun, transition politique ; Assemblée
nationale du Cameroun, partis politiques ; Cameroun, élections
législatives ; Cameroun, acteurs sociaux, Cameroun, multipartisme ;
Cameroun, démocratisation ; Rassemblement démocratique du peuple
camerounais.
Introduction :
Beaucoup d’auteurs se sont intéressés
au processus de démocratisation qui a eu cours en Afrique au début des années ‘90
en général et au Cameroun en particulier[1]. Le reprendre ici
déborderait du cadre de cet article. Qu’il nous suffise de rappeler tout
simplement que les mutations
sociopolitiques connues par l’Afrique depuis
la fin des années ‘80 furent tributaires tout aussi bien de l’environnement
international que des conditions locales propres à chaque pays.
Sans doute, la Perestroïka de Gorbatchev, le discours de François Mitterrand au
sommet France-Afrique de la Baule en juin 1990, les clauses de conditionnalités
à l’aide des grands bailleurs de fonds ont tous incité les gouvernants
africains à lâcher du lest. Mais sur place, les mesures drastiques
d’assainissement (baisse des salaires, compression et licenciement des
travailleurs, fonctionnaires ou privés, hausse des prix des denrées de première
nécessité, famine et chômage etc.) qu’imposaient les plans d’ajustement
structurel ont tôt fait de générer des protestations sociales qui ont été tout
naturellement associées à des revendications, politiques[2].
Toujours
est-il que toutes ces causes extérieures ont entraîné les pays africains à
s’ouvrir au multipartisme et à tendre de plus en plus vers un Etat de droit,
soit en démocratisant ou en délégitimant les partis uniques, soit en procédant
à des reformes constitutionnelles par le biais des « conférences
nationales souveraines » ou autres voies. Il n’est donc pas impossible que
cet environnement international eût influencé l’évolution des choses au
Cameroun.
Quant aux conditions locales, le cas de ce
dernier a connu un certain nombre de particularismes. En effet, en dépit des
pressions de certains acteurs sociaux revendiquant à hue et à dia la
réinstauration du multipartisme au Cameroun, les gouvernants en place
tentèrent, dans un premier temps, de démocratiser le parti politique au
pouvoir, le RDPC, en rendant les élections municipales du 25 octobre 1987 et
législatives du 24 avril 1988 plus sélectives[3]. Les résultats
obtenus furent assez révélateurs de la forte tendance au changement[4].
Pour avoir tout l'article, veuillez me contacter sembozoo@gmail.com
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