lundi 5 décembre 2016

LA DERNIERE ASSEMBLEE NATIONALE DU PARTI UNIQUE AU CAMEROUN : CHRONIQUE D’UNE « REVOLUTION » ANNONCEE (MARS 1988-DECEMBRE 1991).








                                                                                 Par Samuel EFOUA MBOZO’O

                                                                                                 Maître de Conférences.


Résumé :
           L’Assemblée nationale élue le 24 avril 1988, sur la base de plusieurs listes concurrentes issues du même parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a jeté les bases du multipartisme au Cameroun en adoptant un certain nombre de lois importantes, notamment au cours de la session parlementaire  dite «  session  des libertés » (Nov.-déc.1990).Son mandat fut écourté en décembre 1991 pour permettre l’élection anticipée d’une Assemblée pluraliste.
            Cette dernière Assemblée du parti unique fut élue au moment où le Cameroun, comme la plupart des pays africains, traversait une crise économique impitoyable dans les années 1980-1990. Pour réagir, beaucoup de pays africains recoururent  aux institutions de Bretton Woods,  à travers des plans d’ajustement structurel dont les conditionnalités (baisse des salaires, réduction du train de vie de l’Etat, licenciements, chômage, etc.) entraînèrent des revendications d’ordre social qui dégénérèrent aussitôt en revendications politiques appelant à une plus grande démocratisation de la vie nationale. Le Cameroun ne fut pas en reste.
            Cet article se propose par conséquent d’examiner les différentes phases préliminaires que cette Assemblée a connues, de concert avec les autres acteurs sociaux et politiques, pour préparer l’avènement du multipartisme au Cameroun.

 Mots-clés : Cameroun, Assemblée nationale ; Cameroun, transition politique ; Assemblée nationale du Cameroun, partis politiques ; Cameroun, élections législatives ; Cameroun, acteurs sociaux, Cameroun, multipartisme ; Cameroun, démocratisation ; Rassemblement démocratique du peuple camerounais.


Introduction :

        Beaucoup d’auteurs se sont intéressés au processus de démocratisation qui a eu cours en Afrique au début des années ‘90 en général et au Cameroun en particulier[1]. Le reprendre ici déborderait du cadre de cet article. Qu’il nous suffise de rappeler tout simplement que les   mutations sociopolitiques  connues par l’Afrique depuis la fin des années ‘80 furent tributaires tout aussi bien de l’environnement international que des conditions locales propres à chaque pays.
       Sans doute, la Perestroïka de Gorbatchev, le discours de François Mitterrand au sommet France-Afrique de la Baule en juin 1990, les clauses de conditionnalités à l’aide des grands bailleurs de fonds ont tous incité les gouvernants africains à lâcher du lest. Mais sur place, les mesures drastiques d’assainissement (baisse des salaires, compression et licenciement des travailleurs, fonctionnaires ou privés, hausse des prix des denrées de première nécessité, famine et chômage etc.) qu’imposaient les plans d’ajustement structurel ont tôt fait de générer des protestations sociales qui ont été tout naturellement associées à des revendications, politiques[2].        
         Toujours est-il que toutes ces causes extérieures ont entraîné les pays africains à s’ouvrir au multipartisme et à tendre de plus en plus vers un Etat de droit, soit en démocratisant ou en délégitimant les partis uniques, soit en procédant à des reformes constitutionnelles par le biais des «  conférences nationales souveraines » ou autres voies. Il n’est donc pas impossible que cet environnement international eût influencé l’évolution des choses au Cameroun.
      Quant aux conditions locales, le cas de ce dernier a connu un certain nombre de particularismes. En effet, en dépit des pressions de certains acteurs sociaux revendiquant à hue et à dia la réinstauration du multipartisme au Cameroun, les gouvernants en place tentèrent, dans un premier temps, de démocratiser le parti politique au pouvoir, le RDPC, en rendant les élections municipales du 25 octobre 1987 et législatives du 24 avril 1988 plus sélectives[3]. Les résultats obtenus furent assez révélateurs de la forte tendance au changement[4]
Pour avoir tout l'article, veuillez me contacter sembozoo@gmail.com

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