THEORIE ET PRATIQUE DES IMMUNITES PARLEMENTAIRES :
CAS DU CAMEROUN
CAS DU CAMEROUN
Par Samuel Efoua Mbozo’o
Docteur d’Etat ès Lettres (Histoire)
Chargé de Cours,
Université de Yaoundé I .
A. RESUME :
En principe, les immunités parlementaires sont
destinées à protéger les membres des assemblées contre les actions répressives
ou judiciaires que pourraient vouloir intenter contre eux soit le gouvernement,
soit de simples particuliers. A ce titre, elles constituent de véritables
dérogations au principe de l’égalité des citoyens devant la loi et devant la
justice.
A l’origine, elles ont été prévues comme moyen de
renforcer la situation précaire des assemblées électives devant le pouvoir
exécutif. Aujourd’hui, les progrès de l’institution parlementaire rendent leur
justification moins évidente et l’opinion publique, à tort ou à raison, a
tendance à les considérer comme des privilèges que s’octroient indûment les
députés. Partout, leur raison d’être n’en répond pas moins à un but d’intérêt
général : assurer le bon fonctionnement et la pleine indépendance des
assemblées politiques. C’est pourquoi, les immunités concernent d’abord
l’exercice proprement dit de la fonction parlementaire (irresponsabilité),
ensuite les actes accomplis en dehors de la fonction (inviolabilité). Le
présent article se propose d’examiner les contours de la théorie de ces
immunités en général et leur application au Cameroun en particulier.
I. CONCEPT DES IMMUNITES
Les immunités sont des prérogatives accordées à
certaines personnalités dans un Etat, exemptant celles-ci des conséquences
juridiques que devraient normalement entraîner les actes accomplis par elles,
si ces actes étaient répréhensibles (1). Ce sont donc des privilèges accordés à
quelques citoyens du fait de leur fonction spéciale, qui les soustrait à
l’application de la loi commune. Il en existe de différentes formes : les
immunités ecclésiales, diplomatiques, parlementaires, etc.
Les immunités ecclésiales, en droit canon, sont au
nombre de trois : l’immunité des lieux sacrés, jouissant du droit d’asile et de
l’exemption des actes profanes ; l’immunité réelle, exemptant les biens
d’église et objets de culte des taxes civiles ; et l’immunité personnelle,
exonérant les ecclésiastiques des charges incompatibles avec leur état et de la
juridiction séculière : c’est un privilège pour les clercs de ne pouvoir être
jugés que par leurs supérieurs.
En diplomatie, les immunités soustraient le représentant
d’une nation (ambassadeur, ministre plénipotentiaire ou chargé d’affaires et
leurs familles) à la juridiction des tribunaux de la nation auprès de laquelle
il est accrédité.
Enfin, pour ce qui concerne les parlements, les
immunités protègent les droits des députés, une catégorie sociale, politique et
professionnelle autonome, ayant un statut propre ; elles sont une dérogation au
principe de l’égalité de tous les citoyens devant la loi, lorsqu’elles
s’appliquent à des infractions de droit commun (2). Ces dispositions ne sont
pas des privilèges extensibles abusivement en prérogatives personnelles : elles
sont destinées à garantir la respectabilité la plus élevée à l’institution
parlementaire. Celle-ci a droit au respect accordé aux valeurs collectives les
plus hautes dans une nation et démocratique.
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